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Cliché pris à Paris, été 1944
 
Les informations présentées sur cette page m'ont été adressées par monsieur François Etesse, fils de Joseph Etesse
et restent sa propriété exclusive
 

Joseph ETESSE était le chef du TD M10 LYNX, n°420.198, 1er Peloton, 2e Escadron.

Numéro matricule : 2363 B 32

 

Joseph Etesse à droite, devant le TD LYNX et son équipage
photo prise le 27 aout 1944 rue de la Chapelle à Paris.

de Gauche à droite : Georges TRUCHOT, dit "La Truche", le conducteur. il sera tué le 1 novembre 1944 par un obus de 150mm alors qu'il faisait le plein du char en compagnie de Joseph Etesse, juste avant l'attaque sur Baccarat. François ANGELLELI, dit "Angello", radio et chargeur. Georges ARRIEUX dit "Pépette", le tireur. Fernand GARRAPIT dit "Grand Fernand", aide conducteur.

Le surnon de Joseph Etesse était "Le Gobi" ou "Le Directeur".

La mitrailleuse de calibre .30 avait également un surnom : "Paulette"

 
Voici le récit rédigé par Joseph Etesse sur ses souvenirs dans la Marine et son engagement dans les Forces Françaises
Copyright François Etesse
 
Les débuts dans la Marine
 

Joseph Etesse né le 21 septembre 1912 à Huitel en Ploubazlanec près de Paimpol.

J'arrête les études en 1927 pour faire la pêche côtière pendant quelques mois sur le « SANS-GENE » à Launay.
Le 06 décembre 1927, j’embarque sur le « Cap Tourane », paquebot mixte de la Compagnie des Chargeurs Réunis en qualité de mousse jusqu’au 1er juin 1929, ce bateau effectue la ligne Bordeaux-Haïphong en Indochine jusqu'au 1er juin 1929. « Château Lafite », compagnie Worms du 01 aout 1929 au 17 janvier 1930, en qualité de novice et matelot léger. « Jean de Betencourt » du 10 janvier 1931 au 08 juillet 1932.

 
Le CAP TOURANE Le CHATEAU LAFITE
 
 
Engagement dans la Marine Nationale
 

Engagement à Brest dans la Marine Nationale du 27 septembre 1932 au 27 septembre 1947 avec le numéro matricule 2363 B 32. J’embarque sur le « Condorcet » en octobre 1932 pour suivre le cours de torpilleur du 01 janvier 1933 au 30 juin 1933, puis j’embarque sur le sous-marin « Monge » comme matelot torpilleur du mois d’août 1933 jusqu’à sa disparition le 5 mai 1942.

Le CONDORCET
 

A la déclaration de guerre en 1939, le « Monge » se trouve à Toulon en grand carénage et en sort au mois de mars 1940. Au mois d’avril, c’est le départ pour la grande aventure. Basé à Bizerte. Peu de temps après, l’Italie déclare la guerre et ce jour même nous allons prendre notre poste dans un secteur au sud du détroit de Messine. Là nous faisons la garde pendant quinze jours. Surface le soir à la nuit tombante vers 22 heures, charge des batteries, le temps de fumer une cigarette. 10 minutes environ chaque homme pour prendre le bol d’air. Nous montions trois par trois dans la baignoire muni chacun d’un jeton, à 3 heures du matin plongée. Rien au tableau de chasse, nous revenons à Bizerte. En passant à proximité de Malte alerte avion, plongée rapide en moins de 3 minutes 80 mètres, nous remontons tout doucement, plus rien. Nous arrivons à Bizerte, les allemands et les italiens sont là pour nous accueillir.

Au bout de quelques jours, nous recevons ordre de quitter le port pour Oran où quelques jour avant eut lieu le coup de Mers-El-Kebir. Une bonne partie de la flotte était là au moins touchée par les canons anglais. Nous y passons quelques jours et repartons pour Dakar. Là aussi les anglais viennent de frapper et tous les jours, pendant notre escale dans ce port, nous partons plonger à 3 heures du matin au large mais sans rien voir.

Et un beau jour, nous recevons l’ordre d’appareiller le « Monge », le « Pegase », « L’Espoir » et le « Vengeur », accompagnés du pétrolier « Golo ». Direction le Cap de Bonne Esperance, 150 miles au sud au milieu de l’Atlantique, de façon à ne pas trouver de bateaux. Vers la fin du mois de décembre, nous arrivons à Tamatave, 1 mois plus tard ç Diégo-Suarez, quelques jours de repos et nous repartons pour Saïgon où les japonais sont là pour nous accueillir. Là nous passons quelques mois et un jour recevons l’ordre d’appareiller pour escorter un convoi à Diégo-Suarez. Etant de l’équipage supplémentaire, mes copains et moi nous embarquons comme passagers sur l’aviso colonial « Amiral Charner », la vie de château pendant une quinzaine de jours et nous voilà à Diégo. C’était le début de 1942.

 
Le sous-marin Q 144 MONGE
commandé par le Capitaine de Corvette Delort et affecté dans l'océan Indien, sera coulé le 8 mai 1942 lors des opérations sur Diégo Suarez par les escorteurs anglais HMS ACTIVE et HMS PANTHER, il n'y aura aucun survivant.
 
DIEGO SUAREZ
 

Tout se passe bien, et un beau matin du mois de mai, vers 3 heures, les avions anglais font quelques passes au dessus de la rade, grenadant et mitraillant tous les bateaux qui étaient là : un cargo italien, un allemand, tous deux solidement ancrés, le  « D’ENTRECASTEAUX », le « BOUGAINVILLE », le sous-marin « BEVEZIERS », coulé devant les appontements.

Le sous-marin « Monge » était parti en mission depuis déjà un mois et devait bientôt arriver. C’est entre la Réunion et Diégo qu’il a été grenadé et coulé par le destroyer anglais « Active » le 08 mai 1942. Le « Héro » a été coulé à la baie des anges par le porte-avions « Illustrious » le 07 mai 1942. Les équipages des bateaux présents à Diégo montent en ligne à l’assaut des corps francs anglais débarqués et combattent du 5 au 7 mai. Ceux qui ne sont pas tués sont fait prisonniers et entassés dans la cour de la caserne en attendant d’être embarqués sur le transport de troupes « ORONSAY », destination l’Angleterre.

 
L'ORONSAY
qui ramènera les marins Français prisionniers vers l'Angleterre
 
Prisons anglaises
 
Nous passons plusieurs jours dans un camp de prisonniers à quelques kilomètres de Londres, près du champ de course d’Ascot. Si près de la capitale, pourquoi ?  Parce que le PC du Général de Gaulle était là tous les jours dans le camp, nous avions la visite de combattants des F.F.L pour faire un peu de propagande et essayer de nous faire rallier à eux. Très peu à les suivre, et au bout de deux mois nous prenons un beau jour le train à destination inconnue. Nous nous réveillons dans le nord ouest de l’Ecosse, dans un camp situé à flanc de colline et sur le bord d’un canal où l’on voit passer des temps en temps de grosses vedettes de la Royale Navy. Comme dans l’autre camp, nous logeons dans des baraques, une cinquantaine par cabane dans des châlits doubles. Le peu de nos habits qui nous reste nous est enlevé et comme des vers, nous passons devant le toubib. De là, nous sortons tout neufs, habillés de marron avec des ronds rouges, une sur la veste, l’autre sur le pantalon et nous voilà baptisés « prisonner-of-war ». Dans chaque cabane, un poêle dans lequel nous faisons du feu de bois et au charbon, un seau de charbon par jour et par cabane. En plus nous allons à la forêt en corvée de bois, qui servira pour le feu et pour faire des bricoles. Chaque cabane à sa caisse à outils pour le bricolage. Tous les deux jours, nous avons droit à une promenade de deux heures en rang par quatre, accompagnés par des sentinelles en armes. Ce n’était pas la mauvaise vie et nous restons là pendant trois mois. Et voilà qu’un jour, certains de nos officiers qui eux étaient à l’Ile de Man, débarquent et viennent nous rendre visite demandant si nous étions d’accord pour rejoindre l’Afrique du Nord. Et bien sûr tout le monde était d’accord et nous embarquons sur le « San-Maria-Alger ».
 
Afrique du Nord
 

Un mois de congés à tout le monde, nous étions au mois de novembre 1942. Ce mois passé, rassemblement au Cap Matifou situé à 5 km d’Alger et là, pendant 2 mois nous formons le bataillon « Bizerte ». Marches, tirs au fusil, au mortier, tout pour faire un bon fusilier marin. 

Un beau jour, nous embarquons dans le train, direction «Beja (Tunisie) ville déjà aux mains des américains. Là nous n’avons pas eu l’occasion de combattre mais nous recevions tout de même des obus allemands, ceux-ci partaient vers le Cap Bon. Il y avait là aussi les troupes italiennes. En arrivant à Bizerte, le bataillon est divisé et chaque section occupe un fort. En arrivant, nous avons la surprise de retrouver des anciens marins où plutôt des Pétainistes. Ils ont été évacués je ne sais où, j’avais rencontré là un ancien du sous-marin « Monge », le quartier-maître canonnier Wenzel et Charles EVENOU de Ploubalzlanec, qui était là comme premier-maître remplissant les fonctions de greffier du tribunal militaire.

Quelques jours plus tard, me voilà avec mon équipe expédié de l’autre côté du goulet au fort « Ben Negro ». Là j’ai trouvé Auguste Poupon qui était comme quartier-maitre fusilier et faisait le commis aux vivres. Désigné pour aller à la baie des Carrières pour surveiller les prisonniers allemands. Nous avions déjà cavalé pas mal mais ce n’était pas encore terminé et encore une fois nous prenons le train, 20 par wagon sur un lit de paille direction le Maroc. 8 jours plus tard, nous arrivons à Oujda. Aussitôt dispersés dans la campagne, nous campons dans une petit pays « Berkane » dans les hangars, des marchands d’oranges et toujours sur la paille. Nous restons là peut-être 2 mois et allons de temps en temps à 30 km dans la petite localité de Saïda, ville frontière avec le Maroc. Là il y a un régiment de chars et ce sont ces chars que nous devons hériter après avoir pris quelques leçons de conduite et conseils des cavaliers.

 
Retour en Angleterre
 

Et puis cette fois, avec tout le matériel : chars, dodges, jeeps et autres véhicules, nous embarquons à Oran sur un transport de troupes L.S.T. Quelques jours de traversée et nous voici dans la Manche de Bristol. Nous débarquons au port de Swansea. Traversons l’Angleterre en diagonale et arrivons dans une petite bourgade entre York et Hull, Sledmeere. Pendant le trajet, un de nos chars s’est renvoersé et de son équipage 2 marins ont été tués.

Nous sommes là dans une belle propriété, le château de Dalton Hall, et ce qui nous interesse surtout c’est le bois et, nous mettons nos véhicules à l’abri des avions et nous, pour ne pas changer, nous dormons sous la tente. Nous sommes au mois d’avril 1944 et avons vécu ici jusqu’au début du mois d’août. Nous nous entraînions tous les jours avec les chars : conduite, tir, camouflage, de temps en temps un peu d’infanterie pour nous dégourdir les jambes et nous faire garder la forme.

Un beau matin, nous prenons la direction du sud et nous arrivons dans un bois pas loin de la côte. C’est là le lieu de rassemblement pour embarquer sur les L.S.T. La suite à la page 20 du livre « Les Fusiliers Marins de la Division Leclerc ». De 1945 à 1947, surveillance des camps de prisonniers à Releq-Kerhuon et Pont-Rean. Revenu au pays en 1947, la suite vous la connaissez….

 
L'ouvrage de l'Amiral Maggiar qui relate la campagne de France du RBFM
(il existe deux versions)
 
 
Les insignes et médailles du Second-Maître Torpilleur Joseph Etesse

Le tout positionné sur le sac paquetage qui comporte son nom et le code TQM du 2e escadron, à savoir 49880.
Ce sac était accroché sur le côté de la tourelle du Lynx
 

de gauche à droit en commencant par le haut : Médaille Militaire, Croix de guerre 39/45 avec 3 citations et palmes, Croix du Combattant, Croix du Service Militaire Volontaire, médaille des combattants de la confédération européenne, insigne régimentaire du RBFM et Divisionnaire de la 2e DB. Le tout positionné sur le sac paquetage qui comporte son nom et le code TQM du 2e escadron, à savoir 49880.

 
Proposition de citation à l'ordre de la division pour le SM Torpilleur Etesse,
du 25 juillet 1945 signée par le CF Maggiar
 
Les citations de Joseph Etesse, dont un tableau de chasse assez éloquant !