Les informations ci-dessous m'ont été adressées par Gilbert Yvars, neveu de Louis Yvars.
Le texte est de Madame Odile Clad, épouse de François Clad.
 
 

François Clad est né à Osenbach le 6 avril 1923. En 1937, à l’age de 14 ans, il s’engage et fréquente successivement l’école des Pupilles de la Marine, l’école des Mousses à bord du vaisseau-école ‘Armorique’ à Brest et l’école des Fusiliers à bord du ‘Condé’ à Lorient.

Vaisseau Ecole "ARMORIQUE"
 
Le "CONDE"
 

Le 3 septembre 1939, c’est la guerre. Le 1er juin 1940, il s’embarque à bord du torpilleur « Mameluk » et participe à la campagne de l’Atlantique et notamment à l’escorte du bâtiment de ligne « Jean-Bart » lors de son évacuation de Saint Nazaire à Casablanca, du 19 au 22 juin 1940. Une fois l’armistice signé, la commission franco-allemande de Wiesbasden met les alsaciens devant un choix dramatique : résilier leurs liens et revenir en Alsace, ou signer une reconnaissance par laquelle ils renoncent définitivement à revenir chez eux. N’ayant que 17 ans, François Clad fait le choix de rester à Casablanca car il sent confusément que rien n’est joué.

 
Le "JEAN-BART"
 

Jusqu’à fin 1941 il participe à l’escorte des convois sur les côtes africaines puis embarque sur le croiseur auxiliaire « Bougainville » qui part en mission dans l’Océan Indien.


Le 5 mai 1942, c’est le déclenchement de l’opération « Ironclad » et le déferlement de l’attaque anglaise sur Diégo Suarez. Le « Bougainville », l’ « Entrecasteaux » ainsi que plusieurs sous-marins français sont coulés. Il est interné en Angleterre avec les équipages rescapés.


Le 8 novembre 1942 c’est le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. François Clad reprend le combat avec le Bataillon de Fusiliers Marins et participe à la libération de Bizerte.

 

1943, le « Bataillon Bizerte » devient Régiment et est doté de tank Destroyer. Il est intégré au sein de la 2e Division Blindée du Général Leclerc et part en Angleterre.


Début août 1944, tireur dans un char, il débarque sur Utah Beach en Normandie où la 2e Division Blindée concourt à l’encerclement de plusieurs divisions blindées allemandes dans la poche de Falaise.


Du 23 au 25 août 1944 c’est la ruée vers Paris, les heures exaltantes des combats pour la libération de la capitale, le délire de la foule en liesse. Il se bat durement à Voisins-le-Bretonneux, à la Plaine Saint Denis, au Bourget.

 
TD PHOQUE, n°420 195, 2e Pelton du 2e Esadron, commandé par le Second Maître Belfis
François Clad, tireur, est sur le char, le 3e en partant de la droite
Photo prise à Paris en août 44
 
Toujours le PHOQUE, à Paris. François Clad est à droite sur le char, débout.
 

Début septembre, il fonce vers l’est et reprend contact avec l’ennemi à Andelot. Il est ensuite engagé dans une succession de combats à Anglemont, Vacqueville, Badonviller et Bertrambrois.


Les 20 et 21 novembre c’est la percée et la traversée des Vosges par le col du Dabo jusqu’à Birkenwald. Le 22 il libère Marmoutier. Le 23 novembre c’est la fulgurante avancée sur Strasbourg. François Clad est de toutes les reconnaissances vers le sud jusqu’à Erstein. A Witternheim la résistance ennemie se durcie. L’offensive allemande de von Rundstedt porte la 2e DB en Lorraine où elle participe à la contre-attaque américaine.

Le 18 janvier François Clad est de retour en Alsace où il s’agit de liquider la « poche de Colmar ». Le lendemain avec son sous-groupement tactique, il attaque par Guémar, Illhaeusern et la carrefour 177 nord en direction du pont de la Blind et de Grussenheim. Dans la nuit, une violente contre-attaque est repoussée. Le 28 janvier, lors du premier assaut, son char est touché et brûle. Blessé, il est évacué et opéré ; il se réveillera dans une barraque du camp d’internement de Schirmeck, transformé en hôpital de fortune.  A peine guéri, il rejoint son escadron à temps pour participer, comme chef de char, à la campagne d’Allemagne jusqu’à Berchtesgaden et l’Armistice du 8 mai 1945.
 
Le "PHOQUE", détruit le 28 janvier 1945 au Pont de la Blind. A côté de lui, le Sherman "ULM"
 

Fin 1945, il est en Indochine et prend part aux opérations du dégagement de Saïgon, du delta du Mékong et de Bien-Hoa. Le 6 mars 1946, il débarque de vive force dans le delta du Fleuve Rouge et arrive à Haiphong occupé par les chinois de Tchang Kai-Chek. Avec la Brigade Marine il est de toutes les opérations du sud Tonkin, de la baie d’Along jusqu’à Thien-Yen et Moncay à la frontière chinoise.


1947 retour en France et dissolution des Régiments de Fusiliers Marins. Il retrouve la Marine « bleu de drap » par opposition à la Marine « Kaki ». Suivra une série d’embarquements à bord du « Richelieu », du « Jean-Bart », du « Jules Vernes », du « Bambara », etremêlée d’autres affectations à terre.


De 1956 à 1958 il rejoindra la Brigade des Fusiliers Marins reformée à l’occasion de la guerre d’Algérie.


Son dernier embarquement sera le Bureau de Documentation sur les Carrières de le Marine à Colmar où il va, durant dix ans, informer, conseiller et orienter des milliers de jeunes alsaciens.


Après 38 ans de « bons et loyaux services », il prend sa retraite et se retire à Kintzheim auprès de son épouse, Odile Goettelmann.


François Clad est titulaire de la Médaille Militaire depuis 1947, de l’Ordre National du Mérite depuis 1966, de la Croix de Guerre 39-45 avec plusieurs citations et blessures, de la Croix de la Valeur Militaire. De nombreuses autres distinctions françaises et étrangères lui ont été décernées dont la « Presidential Unit Citation » américaine, à titre personnel. Fait Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 17 avril 1997, il a été reçu dans l’Ordre le 19 juin 1997 à Lorient et décoré par le vice-amiral d’escadre Jacques Guillon, son ancien chef d’escadron durant les campagnes de Tunisie, de la Libération et d’Allemagne.

 
 
François Clad est décédé le 10 janvier 2003